Disparition d’artéfacts patrimoniaux au Domaine Beauséjour

D’aucune manière dans le scénario d’acquisition du Domaine Beauséjour, le couple Montmorency-Paquet de Montréal n’aurait cru avoir affaire à pareil cauchemar. Le territoire patrimonial qu’ils ont acquis à Saint-Gérard-des-Laurentides le 8 décembre dernier a été dépouillé de divers artéfacts «qui le rendaient si distinctif» à leur arrivée sur le site. Certains objets auraient même été vendus à des commerçants de la région.

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Le couple formé de Stéphane Montmorency et Manon Paquet est «l’heureux» propriétaire du Domaine Beauséjour. À l’exception prêt qu’il estime s’être fait berner par l’ancien propriétaire Robert Pilotte, ancien animateur de radio et candidat au parti Libéral lors des dernières élections provinciales, et son épouse Danièle Richard. À l’heure actuelle, une mise en demeure a été envoyée par chacune des parties et une lutte juridique est à prévoir.

Des artéfacts dérobés

Des objets comme des canots, des haches à équarrir, des carioles et même une tête de lion qui faisait office de quasi-emblème du site seraient autant d’artéfacts ayant été dépouillés du Domaine. «Le décompte n’est pas terminé, mais on parle de plusieurs objets autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment», souligne M. Montmorency.

S’adressant au conseil ville lors de la séance du conseil du 15 janvier, le couple de Montréal paraissait dépassé par les événements. «Nous sommes arrivés sur le site le 14 décembre et une bonne partie des artéfacts que contenait le site avait disparu», a affirmé un Stéphane Montmorency consterné. L’homme mentionne avoir pris le fautif «la main dans le sac», mais sans que celui-ci n’en fasse amende honorable.

«Je ne peux concevoir que la personne qui ait occupé le moins longtemps le site ait pu le dépouiller et vendre ses artéfacts à des sommes ridicules comparées à leur valeur réelle!», a-t-il indiqué aux conseillers présents, faisant ainsi allusion à Pilotte qui aurait bradé divers objets du site rompant ainsi sa promesse de conservation. Des témoins comme Sylvie Gervais, ancienne propriétaire du domaine et la veuve de Jos Boucher, un ancien gardien du site, compteraient également comme des témoins de la disparition des objets.

Reconnaissant que le litige prenne place dans une affaire «privée», Stéphane Montmorency a tout de même senti le besoin d’aviser la Ville, ainsi que la population de cette situation délicate puisque le Domaine Beauséjour est classé objet du patrimoine depuis 2009.

Des canots du Domaine vendus à la pourvoirie Hosanna?

Chose surprenante, selon les dires de Montmorency, le propriétaire de la pourvoirie Club Hosanna à Trois Rives, Michel Béland, serait le nouvel acquéreur de certains canots du Domaine. Béland aurait conclu une entente avec Pilotte, sans toutefois connaître le fond de l’histoire liant les canots au site patrimonial.

Appelé à réagir sur le dossier, le premier magistrat est demeuré prudent sur les commentaires et mesures possibles, se contentant de décrire le cas comme «particulier». Il s’est empressé de proposer aux nouveaux résidents de Saint-Gérard-des-Laurentides une rencontre avec lui prochainement. Également au fait du dossier, le conseiller Serge Aubry s’est rendu lui-même sur le site du Domaine pour constater l’état des lieux et sera vraisemblablement impliqué dans les procédures, si tel est le cas.

«La population a le droit de savoir»

«L’important pour nous c’est d’informer la population puisqu’elle est en droit de savoir ce qui s’est passé sur ce site historique. On en revient juste pas, c’est comme si on s’était fait violé!», illustre Stéphane Montmorency visiblement en colère. L’accessoiriste de métier insiste sur le fait que Pilotte est une figure publique et qu’il devrait avoir eu un meilleur sens moral. «Il nous a promis à maintes reprises la conservation du site et de ses composantes», se désole-t-il avant d’ajouter qu’en tant que figure publique, l’homme devrait être digne de confiance.

Le couple s’en tourne maintenant aux élus et à la communauté pour espérer retrouver l’intégralité du site. En attendant, Robet Pilotte et son épouse Danièle Richard sont «persona non grata» sur le site du Domaine Beauséjour. «Pilotte a manifesté l’intention de venir récupérer des biens personnels, mais pas question qu’il remette les pieds au Domaine, si ce n’est que pour rapporter les objets dérobés».